Lara Croft, c'est un peu la titilleuse d'ados boutonneux, la caution sexy du jeu vidéo, bien avant que les bonnets F ne deviennent une norme dans tout bon jeu qui se respecte. Tomonobu Itagaki aurait apprécié inventer ce personnage, il s'est bien consolé avec Rachel, Kasumi et consorts.
Quand l'année dernière l'annonce d'un remake anniversaire s'est officialisée, le petit monde du jeu vidéo a pris peur. A juste titre si on se souvient des derniers épisodes sortis sur PSOne, qui n'auront pas marqué les esprits. La résurrection entamée avec le volet baptisé Legend aura légèrement remis Lara sur les rails, même si pour beaucoup, les longues séances de gunfights et le trip Mission Impossible étaient un poil aux antipodes qui ont fondé la saga, à savoir l'aventure solitaire.
A la surprise générale, Crystal Dynamics aura réussi ce tour de force. Non seulement en sublimant le jeu graphiquement, ce qui n'était pas très compliqué à vrai dire, mais également en le rendant enfin accessible. Finies les phases de saut aléatoires, où franchir le moindre trou demandait dix minutes d'ajustement. L'exemple parfait d'un excellent compromis entre dextérité et assistance aux mouvements. Assistance somme toute relative puisqu'à part le One Kill Move et la visée très automatique, on continue à bien calculer ses sauts, la frustration en moins.
Après de nombreux reports, Tomb Raider Anniversary arrive enfin sur PSP. Un Tomb Raider sur console portable n'est pas une nouveauté en soi, mais une aventure de cet acabit, de cette longueur et de cette ambition, si.
L'ambition de Crystal Dynamics n'est ni plus ni moins de nous mettre la mouture PS2 dans la poche. Il fut une époque ou la simple perspective d'avoir un portage au moins aussi bon de la version PSOne aurait suffi à mettre certains fans en transe, culture des consoles portables oblige, pourtant la petite de Sony a prouvé entre-temps qu'elle avait davantage d'ambition, même si les exemples d'adaptations réussies de versions PS2 ne courent pas les rues.
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Le jeu est bourré de sous-entendus |
Dans le fond rien n'a changé. Cette mouture vous propose au checkpoint près l'intégralité de l'aventure du Scion, soit une quinzaine d'heures de galère dans les vestiges de temples, jungles et autres mines. Première bonne surprise: le jeu maîtrise ses chargements et en dehors d'une petite dizaine de secondes à attendre entre chaque chapitre, rien à signaler. Pour info, un chapitre c'est en moyenne une demi-heure trois quarts d'heure.
Le jeu démarre également très rapidement, un autre bon point tant des softs PSP proposent des intros inzappables où l'on vous force à regarder les quinze logos de sponsors.
Passé ce petit constat, on remarque également que la technique est de la partie. Pas immédiatement, car les premiers lieux traversés sont peu avares en décors immenses (quelques grottes et un village), mais à partir des grandes plaines de Villacamba le joueur en a pour son argent.
Oui, la version PSP de TRA est une réussite sur le plan graphique, toutes proportions gardées bien évidemment. Des concessions ont forcément été faites sur les effets en tout genres, comme les rayons de lumière par exemple. Si la distance d'affichage est un peu moins profonde, l'intégralité des lieux a été conservée et observer les alentours perché sur la tête du grand Sphinx est toujours aussi jouissif, la perspective du bassin des statues d'Anubis et Horus toujours aussi impressionnante.
Adapter un gameplay PS2 sur PSP n'est jamais évident et souvent, des mouvements giclent ou des actions sont super pratiques à faire, comme presser Start + L en même temps, cool. On n'y coupe pas et, par exemple, le grappin se trouve à présent sur la même touche que le saut, à savoir la croix. Un coup de main à prendre. On dégaine en pressant L & R en même temps, on fait des roulades avec rond: rien n'a vraiment changé.
Le One Kill Move (je l'appelle comme ça car j'arrive jamais à retenir son vrai nom), vous savez ce mouvement qui consiste à énerver l'ennemi, l'éviter lors d'une séquence pompée sur Matrix puis lui ajuster une bastosse entre les yeux, est malheureusement un peu plus difficile à sortir sur portable. La faute aux viseurs qui convergent, totalement noyés et floutés dans l'effet de ralenti. Du coup on fait ça au pif, ce qui donne un côté poker sur lequel Patrick Bruel n'aurait pas craché. Si les joueurs possédant une main droite et une main gauche s'en tapent un peu vu la faible animosité des créatures rencontrées, c'est beaucoup plus irritant face au T Rex.
Les gunfights, voilà bien ce qu'il y a de plus pourri dans ce TRA. En plus d'être sans intérêt, les bruitages qui les affublent sont un cran en dessous de ceux de la version console/PC. On se demande toujours quand on fait claquer notre 9mm si notre cafetière n'est pas en train de faire couler du café.
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Les gunfights sont pourris ça tombe bien ils sont rares |
Heureusement que l'aventure fait la part belle à la plateforme parce que sinon le titre d'Eidos aurait ressemblé à un mauvais Monster Hunter. La plateforme, voilà justement le principal attrait de ce remake. Une réussite inespérée tant les précédents étaient désastreux, et je pense aux portages de Prince of Persia en disant ça. On ne va pas enculer les mouches: TRA c'est Prince of Persia, mais sans les Arabes. Là où le jeu d'Ubi Soft proposait, dans ses versions PSP tout du moins, des caméras sous champignons et des placements de boutons pensés par Eve Angeli, Tomb Raider Anniversary parvient à s'en sortir.
Bien évidemment des problèmes de caméra subsistent, hérités de la version PS2, mais la PSP n'en a pas ajoutés, c'est déjà ça. Ils sont d'autant moins gênants que la plupart du temps vous avez toute la vie pour admirer les décors, rechercher les prises et préparer vos sauts. Cadrer la caméra n'est alors réellement pas un problème. Par contre dans les cinq pourcent du jeu qui consistent à enchaîner des pièges dans un timing de malade, là c'est plus énervant.
A l'arrivée, Tomb Raider Anniversary possède les mêmes qualités et défauts que sur PC et PS2, mais son positionnement sur PSP en fait l'un des meilleurs du genre, preuve que les retards successifs du jeu ont vraiment servi à quelque chose. Découvrir les décors magnifiques de ces cités d'Egypte, les grottes inquiétantes du Pérou ou les perspectives vertigineuses de la Folie Saint François sur son petit écran lumineux, vissé au fond de son lit le casque sur les oreilles, c'est une chose qui nous aurait semblée impossible à l'époque où on s'extasiait sur Lara et ses seins pointus sur PSOne.