Ah ce bon vieux Shepard... Il revient dans notre secteur de la galaxie régulièrement pour nous gratifier d'un nouvel épisode de son combat contre les bernards l'hermite géants de l'espace qui veulent manger toutes les civilisations avancées du coin. L'occasion d'un troisième rendez-vous avec ce héros dont on suit les aventures depuis plus de 4 ans déjà . Et c'est déjà la fin.
Une fois de plus, les choses commencent bien mal pour Shepard puisque les Moissonneurs débarquent directement sur Terre pour foutre une branlée à l'humanité. Ni une ni deux, notre Commandant va alors partir en tournée dans la Voie Lactée et rassembler autant d'alliés que possible pour repousser les envahisseurs et construire une arme surpuissante capable de mettre un terme à la menace des moissonneuses-batteuses.
C'est donc parti pour un nouveau Mass Effect dont la recette commence à être à présent connue mais qui commence un peu à sentir le moisi. La faute sans doute à une baisse dans la qualité des ingrédients utilisés.
Rassembler le commando qui assistera Shepard constitue normalement l'un des intérêts premiers du jeu. C'est en fait la première déception.
On pourra bien sûr se plaindre du nombre revu à la baisse de partenaires dans cet épisode, mais c'est surtout leur fadeur qui nous fait regretter les précédents. Cette fois-ci, plus de scientifique dérangé, de tueur à gages souffreteux, de mercenaire revanchard, de biotique désaxée ou même de Krogan borné.
Seuls les personnages les plus lisses se tailleront une place dans l'écran de séléction du commando.
Même si on peut se satisfaire de retrouver ce bon vieux Garrus qui fait plus ou moins partie des meubles, on restera dubitatif devant le nouveau venu James (aka Jacob v2), le retour d'Ashley (sûrement le personnage le moins intéressant du jeu vidéo) ou de Liara (qui aurait dû prendre une autre dimension avec le DLC du courtier de l'ombre dans le précédent épisode mais en fait non). Seul Javik, le Prothéen disponible via une enfilade par dlc, apporte une petite touche épicée dans ce brouet saumâtre même s'il est à peu près aussi sympathique qu'une plaque d'égoût.
Totalement anticharismatiques et profondément inintéressants, ces personnages ont failli intégrer le commando de ME3. Il faudra sans doute attendre les DLC. Samus Aran, Master Chef et Milka aux Noisettes sont également sur les rangs.
Le jeu souffre également d'un défaut hérité de son prédecesseur, déjà souligné dans notre
excellent test de Mass Effect 2, à savoir qu'une fois trouvé la combinaison de coéquipiers qui vous convient le mieux, vous ne serez pas vraiment encouragés à en changer, ce qui fait passer les autres pour une troupe de joyeux drilles en croisière sur le Normandy qui attendent que ça se passe. Ici, la combinaison Garrus/Liara donne de bons résultats. La surcharge du premier vous débarassera des boucliers, les capacités de crowd control de la seconde(Singularité et Stase) faisant le reste, sans compter sur sa Déchirure pour venir à bout des ennemis dotés d'Armure.
Seule Tali viendra perturber cet équilibre pendant les quelques missions vous opposant aux Geths, étant donné l'efficacité mortelle de son Piratage face aux synthétiques.
Rien de bien neuf niveau combats. Si vous avez pris vos marques sur ME2, vous ne serez pas vraiment perturbé par le nouvel opus.
Mass Effect 3 reste donc un TPS de facture très médiocre rattrappé de justesse de la dégradation standardandpooresque par un rythme bien dosé. La faiblesse du bestiaire ennemi et la sensation de progression limitée des capacités des personnages font peu à peu sombrer le joueur dans un train train martial parfois entrecoupé de quelques séquences de tir à l'arme lourde.
Mais si on a encore envie de se plonger dans un Mass Effect aujourd'hui, c'est pour son scenario: on a envie de prendre des nouvelles de ses anciens coéquipiers (inutile de bouder le petit plaisir que l'on a à retrouver Urdnot Wrex, Mordin, Légion ou le cul de Miranda) même s'il faut bien avouer que le plaisir ne sera pas forcément partagé, étant donné que pour eux,
la probabilité que les retrouvailles avec ce poissard de Shepard ne se soldent par leur mort violente est de 50%.
Inutile non plus de cacher sa curiosité de savoir comment toute cette histoire va finir. Mais même s'il s'agit de la partie la moins ratée du jeu (tout le monde ira sans doute au bout du scénario), on ne peut que constater une fois de plus le recul enregistré par rapport aux deux épisodes précédents. Orientation 100% action oblige, le jeu fait maintenant complètement l'impasse sur l'exploration, ce qui a au moins le mérite de réduire le scan des planètes à la portion congrue.
Mais la richesse de l'univers se voit du coup largement amputé. Aria se plaint d'avoir perdu Omega à Cerberus et promet de la reprendre? Elle passera l'integralité de l'épisode le cul vissé sur un canapé dans un bar. Un ambassadeur elcor vous demande d'aider à évacuer son peuple de sa planète d'origine? Un simple scan de la planète suffira.
Le camp d'en face ne relèvera pas vraiment le niveau. Le nouveau méchant de cet épisode est en fait un sous-fifre de l'homme trouble:
un Chinois avec le masque de Robin qui fait de la danse classique. On a en fait tellement honte d'être opposé à un adversaire aussi minable qu'on expédiera les duels face à lui pour passer à autre chose rapidement.
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| Kai Leng est le résultat d'une expérience galarienne dans laquelle Robin aurait trompé Batman avec Keanu Reeves |
Plus grave, les phases de dialogues semblent également avoir été downgradées. Peut être est-ce le fait de reprendre une sauvegarde de ME2, mais shepard est d'entrée un tribun accompli, TOUTES les options de dialogue parangon ou renegade étant disponibles à tout moment, à tel point qu'on ne comprend pas très bien à quoi servent les gains de points de conciliation/pragmatisme dans cet épisode.
Mais après tout, cela n'est sans doute pas de trop quand, tel un candidat à la présidentielle, vous devez promettre tout et n'importe quoi à vos alliés pour qu'ils mettent de côté leurs rancunes millénaires et viennent se faire dérouiller avec vous sur Terre.
Pour unir derrière lui toutes les espèces de la galaxie, le Commandant Shepard devra utiliser toute sa palette diplomatique.
On ne peut s'empêcher de ressentir de la déception face à ce qui semble être un recul des ambitions de la série. Pourquoi n'y a-t-il plus de missions de loyauté? Pourquoi les phases de dialogues ne semblent-elles plus avoir d'effet qu'à court terme? Pourquoi j'ai l'impression que le jeu est plus court et l'univers plus réduit que d'habitude? Pourquoi quoi?
