Patrick Bateman
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huge
18 Oct 2011
Tu mélanges plusieurs plans et plusieurs intérêts : personnels de chacun, de l'Etat, du patronat, des travailleurs étrangers. Je ne vais pas te faire une logorrhée digne d'un militant du parti socialiste où tout le monde s'aime et que la mondialisation heureuse c'est bénéfique à tous et qu'on est tous des citoyens du monde, je dis juste qu'il y a des rapports de force entre tous ces acteurs. Allez, juste un seul rapport de force, tellement tabou s'il en est en ce moment qu'il ne doit bien évidemment plus exister, l'opposition entre le capital et le travail. Moi je suis travailleur dans le secteur (comme toi) et je vois que le patronat a complètement renversé le rapport de force entre le capital et le travail (le capital prend les risques et empoche les gains, le travailleur renonce a des gains potentiels en échange d'un salaire fixe). Ce rapport de force-là est donc complètement perverti : les "ressources" prennent tous les risques (intercontrat -> dehors), le patronat ne prend aucun risque (j'augmente mon armée de réserve grâce à la délocalisation ou à l'importation de "ressources" et j'ajuste mes "ressources" et leurs compétences à géométrie variable en fonction des contrats que j'ai) et n'a d'ailleurs aucun capital à mobiliser (pourquoi faire ?). Le corrolaire, c'est une pression maximale sur les salariés et leurs salaires. Voir l'encravaté de ton article en train de suer parce qu'il va devoir commencer à faire son boulot d'entrepreneur et prendre des risques ("oh mon dieu, je ne gagne pas à tous les coups comme avant, je vais peut-être devoir fidéliser mes salariés, faire de la formation, me spécialiser sur des domaines, connaître mon domaine d'activité et mes clients pour savoir ce qu'il ont besoin au niveau technique, organisationnel, process"), désolé mais moi, étant de l'autre côté de la barrière, ça me réjouit parce que je ne suis pas non plus adhérent du Medef. Je sais, en 2011, ramener 2/3 notions de marxisme dans le débat, parler "syndicalisme" et intérêts divergents, ça fait tâche. Après tu me dis que la "ressource" étrangère est meilleure qu'une "ressource" française, l'article ne le dit pas, il se peut très bien que le patron ne veuille tout simplement pas payer un salarié français au tarif demandé et fasse du dumping salarial. Dans ce cas là, quel serait mon intérêt en tant que salarié et citoyen français ? Aucun, je préfère qu'un français soit embauché : On en revient toujours au vilain point de départ marxisme : les entreprises voudraient bien s'affranchir des frontières pour embaucher et mettre en concurrence le maximum de salariés, manque de bol, les entreprises ne votent pas, les salariés si. Et Guéant il commence à bien sentir le vent du boulet de 2012... Et au passage, tous les pays sélectionnent leurs immigrés, à commencer par les Etats-Unis (http://en.wikipedia.org/wiki/H-1B_visa) ou encore le Canada ou l'Australie, il n'y a qu'en France où tous les droits-de-l'hommistes poussent des cris dès que tu parles d'immigration choisie. Pour l'Allemagne, je t'invite à regarder en détail ce qu'il ont fait depuis 10 ans, notamment sur le dumping salarial des plus bas salaires et l'exportation de ce dumping dans toute l'Europe (merci le cheval de troie de l'euro au passage). Et moi je m'inquiète plus des jeunes diplômés français qui partent de France parce qu'ils ne trouvent pas de conditions suffisantes pour rester en France, entre autres parce qu'il y a un dumping salarial des salariés étrangers. |