C'est l'histoire d'un horrible crime, comme il en arrive assez peu souvent mais qui vous glace le sang rien qu'en l'Ă©voquant. C'est l'histoire banale d'un homme dont la vie va ĂȘtre changĂ©e en un instant. C'est l'histoire d'un employĂ© de Nintendo que nous appellerons Shige... Frank pour conserver son anonymat.
Comme tous les matins à 9h, Frank se rend au bureau et inspecte la pile de cartouches DS qu'il vient de recevoir. Frank est, en effet, testeur chez Nintendo. Il inspecte tous les jeux DS pour y apposer le Seal Of Quality. C'est donc un homme habitué au danger que nous avons là : oui, il a joué à des bouses abyssales comme New Super Mario Bros ou StarFox Command. Pourtant ce jour-là , n'est pas un jour comme les autres. Suzanne, sa secrétaire, nous raconte : "J'ai eu la peur de ma vie. A environ 10H25, cinq minutes avant d'aller prendre sa pause café habituelle, d'aller discuter avec ses collÚgues des futurs jeux
GameCube Wii et de faire sa vidéoconférence hebdomadaire avec Retro Studios qui travaillaient alors sur Metroid Prime
2 3, j'ai entendu un cri. Jamais je n'oublierai. Je suis rentrĂ© en trombe dans son bureau et j'ai trouvĂ© Frank dans le coma". La police arrive et met sous scellĂ© sa DS et le jeu ayant provoquĂ© cet Ă©tat catatonique : Phoenix Wright. L'enquĂȘte peut alors commencer : qui a pu commettre cet immondice?
La version qu'a reçue Frank est une version Debug et aucune mention du fabricant de la chose n'est mentionnĂ©e. Un bleu assez talentueux s'exprime : "Mais, je ne comprends pas, je croyais que chez Nintendo ils n'avaient plus de console Debug. Comment notre victime a-t-elle pu lire le jeu?". Bon, faut pas lui en vouloir, il a travaillĂ© rĂ©cemment sur l'enquĂȘte d'un vol mystĂ©rieux de PS2 Debug et il mĂ©lange un peu tout. L'enquĂȘte piĂ©tine rapidement. Les suspects dĂ©filent. Ils ont d'abord pensĂ© Ă Kojima, aussi connu sous le sobriquet de Charlie-le-droguĂ©. Mais la piste est Ă©cartĂ©e d'emblĂ©e. Le jeu est, en effet, trop moche pour avoir Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Charlie. Dominique, chargĂ© de dissĂ©quer l'objet dĂ©lictueux nous raconte : "Oui, c'est vrai. Mais de toute façon, le scĂ©nario Ă©tait trop simpliste pour que ce soit Kojima qui l'ait pondu. Je veux dire, j'y ai jouĂ© 5 minutes au jeu et comme y avait pas d'histoire, c'Ă©tait sur que c'Ă©tait pas Hideo qui nous avait Ă©crit ça. Parce que si ça avait Ă©tĂ© lui, j'aurais eu mal Ă la tĂȘte. LĂ , le jeu consistait Ă pointer sur les recoins de l'Ă©cran avec un objet pointu un indice toutes les 10 minutes pour rĂ©soudre cinq enquĂȘtes Ă la 'Trouve qui a tuĂ© Marie Rose dans la salle de billard avec la statue imbibĂ©e de sang'. MĂȘme Roland, pourtant syndiquĂ© CGT et imbibĂ© Ă la vinasse, pourrait rĂ©soudre le shmiblick."
DeuxiĂšme sur la liste : Matsuno. Le commissaire de l'Ă©poque nous Ă©claire: "Phoenix Wright ressemble un peu Ă Final Fantasy XII. FFXII consiste Ă faire du levelling pendant cinq heures lĂ oĂč dans Phoenix Wright, il faut cliquer sur "Oui" ou "Non" pendant tout le jeu. Il y a une similaritĂ© Ă©vidente dans les gameplays d'un autre Ăąge". C'Ă©tait donc ça. Pourtant quelque chose cloche : l'un des deux jeux a un aliasing irritant la rĂ©tine, l'autre pas. "Faut dire qu'il risque pas d'en avoir puisque le jeu est constituĂ© d'au maximum de 10 plans fixes designĂ©s par un mangakarton, reprend le commissaire."
Les enquĂȘteurs pensent alors Ă Mikami (dit Maurice-le-sans-tĂȘte) puisque c'Ă©tait l'une des seules tĂȘtes pensantes, Ă l'Ă©poque, d'un Ă©diteur tiers ayant pris le pari risquĂ© de dĂ©velopper
cinq quatre trois deux un jeu spĂ©cialement pour une console Nintendo. Laissons la parole au procureur chargĂ© de l'enquĂȘte : "Le pari Ă©tait tellement risquĂ© que nous trouvons Shinji dans un caniveau, une bouteille de sakĂ© dans la main criant gentiment aux passants 'PN03 best.game.ever' avec une pancarte dans la main 'Une pethite piaisse pour Dead PhĂ©nixe. SilvouplĂ©". MĂȘme pas la peine de penser Ă faire une garde Ă vue, c'Ă©tait un clodo sans le sou."
L'enquĂȘte est dans une impasse et prend l'eau de toutes parts. Un crime atroce et pas de suspect. Ă ce point de l'enquĂȘte, il faut rĂ©sumer les faits : un jeu au design resucĂ©, Ă la simplicitĂ© dĂ©concertante, aux musiques tellement ennivrantes qu'elles en donnent la gueule de bois au bout de dix minutes et une histoire inintĂ©ressante. Ils ne doivent pas ĂȘtre nombreux dans la place Ă avoir les moyens de mener une telle production.
Une tentative désespérée consista à envoyer un agent infiltré dans les locaux de l'une des derniÚres mafias encore influentes du jeu vidéo :
Infogrames EA. La police a fabriquĂ© alors un casier judiciaire de toutes piĂšces pour notre fausse taupe : designer en chef de Killer 7, producteur de Fable,... Autant de dĂ©lits qui auraient dĂ» lui permettre d'entrer en tout confiance dans l'Ă©chiquier de l'organisation. Mais l'agent ne revint jamais. Aux derniĂšres nouvelles, on aurait retrouvĂ© son corps sans vie aprĂšs qu'il fut torturĂ© et obligĂ© Ă jouer pendant 72 heures d'affilĂ©e aux Sims 2. Une mort de plus Ă ajouter au crĂ©dit de l'organisation. "Non nĂ©cessaire, nous rappelle le procureur, puisque j'avais formellement interdit cette intervention. En effet, le jeu ne pouvait ĂȘtre une production EA sinon, il se serait appelĂ© 'Phoenix Wright 2007'". Raisonnement infaillible.
Quelques années aprÚs, on n'a toujours pas retrouvé l'auteur du crime. Frank, qui s'est depuis réveillé de son coma, a repris le travail tant bien que mal et espÚre qu'il n'aura jamais à rejouer à un jeu aussi mauvais. C'était sans compter l'arrivée d'un petit jeu prometteur : "Elebits" est mentionné sur la boßte...