Wanda, jeune guerrier, brave l'interdit et franchit les frontières du pays maudit pour sauver sa bien-aimée. Pour cela, l'Oracle lui propose un pacte, abattre les seize colosses qui hantent les terres désertiques!
Accompagné d'Agro, son cheval, Wanda va errer, s'aidant de son épée, à travers la plaine qui s'étend devant lui afin de localiser et d'affronter les colosses un par un.
C'est en découvrant le premier géant (qui sert de tutorial) que l'on comprend l'immensité de la tâche qui incombe au frêle guerrier. En effet, la musique s'accélère peu à peu à mesure que l'on grimpe la paroi rocheuse, arrivé sur le plateau, la terre commence à trembler, au loin un bloc noirâtre bouge, en s'approchant on se rend compte qu'il ne s'agit là que de la jambe du colosse. La musique donne le rythme, l'arc chante, fait mettre le colosse à genoux, ni une ni deux, notre héros s'élance, s'accroche à la tignasse du monstre et commence à l'escalader. Le but étant de découvrir les points faibles de la bête, d'y planter son épée tout en évitant de tomber lorsque la créature se débat.
Quelle ivresse de chevaucher un colosse, les envolées lyriques de la bande sonore ajoutent encore une dimension épique qui grise le joueur, et quand enfin le mastodonte s'écroule pour ne plus se relever, comment ne pas ressentir une satisfaction aussi immense que la bête que l'on vient d'occire ? c'est là tout le concept du jeu : l'exaltation du joueur.
Une fois le colosse battu, on est téléporté au temple, ou une courte cut-scene faisant intervenir l'Oracle qui donne des indices pour localiser le prochain géant.
Malgré la diversité des adversaires, ou plutôt des boss, le schéma est le même : trouver un moyen de monter sur le titan, repérer les points faibles, planter son épée en évitant de tomber. Certes certains combats marins, à cheval ou aériens casse un peu la monotonie du déroulement du jeu mais le fait est là : à trop vouloir dépouiller un jeu de ses fioritures on n'en fait que plus ressortir son côté répétitif.
La seule quête annexe est de trouver des lézards argentés, qui généralement se trouvent à côté des petits temples de sauvegarde, pour accroître sa barre d'endurance. Un simple coup d'Å“il sur la carte va permettre au quidam moyen de situer ces temples. Sinon il existe aussi des fruits qui une fois mangés, vont permettre à Wanda d'augmenter sa barre de vie.
Là où le bat blesse c'est qu'on a l'impression que Ueda est allé chez Nintendo prendre des idées pour créer son jeu. Un joli plagiat de Metroid Prime point : si Ueda se targue de renouveler l'essence même du jeu vidéo, le fait est qu'un trip solitaire dans un paysage désertique c'est du déjà -vu. Certes ici pas besoin d'upgrade d'armes pour accéder à toute la carte. Par contre, quand il plagie Zelda, il y a une amélioration : certes Agro est inmaniable, capricieux, incapable de cavaler dès qu'il y a un peu de relief, mais au moins les phases de combats contre les goliaths sont de vraies parties de plaisir. La caméra reste focalisée sur la bête à abattre grâce à une pression constante de L1, tandis que le joueur n'a plus qu'à tenir compte de la vitesse de course du bourrin et non plus de sa direction, de quoi rester immergé dans l'action.
Link et Epona dans la plaine d'Hyrule.
Au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu, on s'aperçoit clairement des limites de la PS2.Le jeu se veut trop ambitieux par rapport aux capacités de la console. L'aliasing présent sur la plupart des jeux de la bécane est déjà une habitude pour les yeux de taupe des joueurs, mais les chutes de frame-rate marquent une cassure dans le déroulement du combat. Prenons l'exemple du boss du désert, une fois sur le colosse, entre les angles de caméra incertains, le frame-rate qui chute à un tel point que j'ai l'impression de me retrouver en maternelle en train de mater des diapos, ont fait que j'ai bien failli trucider ma manette. J'aurais perdu bien deux heures sur ce boss, et j'ai été à deux doigts de ne plus jamais remettre le jeu dans la console.
On passera sur la caméra absente par moments, ne sachant pas s'il faut cadrer le colosse, soit le héros, soit une partie de colosse où le héros ne se trouve pas. Ce sont des choses qui arrivent, même aux meilleurs.
Le manque flagrant de difficulté -mais d'où vient cette manie de prendre les joueurs pour des assistés du pad ?- est un autre point noir important. Le perso regagne trop vite son endurance dès qu'il se met en position accroupie, et pour peu qu'on ait passé une heure à chercher des lézards argentés le challenge contre les colosses est quasi absent. On passe peu à peu du combat épique à un enchaînement répétitif, un peu comme si on commençait par voir The Shield puis qu'au fur et à mesure ça se transforme en Derrick. Il y a bien une version Hard qui se débloque lorsque l'on fini une première fois, mais l'intérêt s'en trouve diminué sachant que l'on connaît déjà les points faibles de nos adversaires. Le mode Time Attack présente lui aussi un intérêt faible, seul les Core Gamers voudront relever le défi, la récompense étant des items qui boostent la force de Wanda, une carte pour localiser les lézards, des flèches/lances/épées spéciales!
La scène finale conforte notre impression de gâchis. En effet, le seizième colosse abattu (parlons-en brièvement de ce combat, un colosse statique, de loin le plus mauvais du jeu alors qu'il est censé être le point culminant de la montée orgasmique progressive générée par la succession des affrontements des titans), le héros se retrouve une toute dernière fois transporté au temple où repose sa dulcinée. S'ensuit une scène on ne peut plus classique : après avoir libéré l'âme de l'Oracle disséminée dans chaque colosse, notre jeune guerrier se fait posséder, alors qu'au même moment débarquent une troupe de cavaliers, sûrement ceux qui ont tué la compagne de Wanda.
S'ensuit une bataille entre les nouveaux arrivants et Wanda devenu à son tour un colosse! encore une fin en queue de poisson, comme si les auteurs du jeu ne savaient pas plus quoi faire pour ne pas tomber dans le classicisme absolu du héros sauvant sa bien-aimée.
Au final que reste-t-il du jeu une fois celui-ci fini ? Bien peu de choses, après un excellent début, la répétitivité des combats prends le dessus, le tout mêlé d'une forte impression de jouer à un compromis entre Zelda et Metroid Prime, le tout saupoudré d'une facilité déconcertante, d'un frame-rate à la rue et d'un gameplay imprécis.