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Tingle tingle kooloo limpah
KamiOngaku

Ça me fait penser que je m'étais dit que je ferais un retour ici sur Maison Ikkoku, que j'ai lu ces derniers mois. Je ne sais même plus pourquoi je m'étais lancé dans cette lecture alors que je ne savais même pas de quoi ça parlait, je n'avais jamais vu Juliette je t'aime (ni Ranma d'ailleurs). Je devais juste avoir envie de découvrir Rumiko Takahashi (j'avais seulement lu d'elle quelques tomes de Inu Yasha ado, sans accrocher du tout), et d'un peu de Japon des années 70-80 (qui me fascine comme la France de Pompidou me fascine, j'aime ces périodes de rattrapage économique, où les peuples sont confiants, ambitieux, optimistes - mais je dérive).

Et… bah c'est très bien. Vraiment un manga sur l'art de l'exécution. Le point de départ a tout d'un manga dispensable (trait tout à fait correct mais pas incroyable, histoire finalement assez convenue), et ce qui en fait une œuvre qui vaut la lecture est vraiment sa qualité dans les détails. L'ambiance (les tenues du début, en mode fin des années 70, sont excellentes), l'humour (je ne m'attendais pas à un humour aussi présent, original et adulte), la galerie de personnage, la critique sociale à la La vie est un long fleuve tranquille, tout est superbement exécuté. Par exemple, c'est un trait que j'adore dans la fiction, aucun personnage n'est « parfait », ils ont tous des côtés franchement déplaisants, y compris la gardienne. C'est pour moi un signe de grande maturité artistique quand tu refuses la facilité de mettre au moins un personnage que tout le monde aimera dans ton récit - et pour une série écrite dans sa vingtaine, respect pour Takahashi.

Au chapitre des regrets, la série est deux ou trois tomes trop longue, avec une difficulté à se renouveler , et je suis resté sur ma faim sur l'aspect doucement mélancolique qui est génial quand il est présent, mais finalement sous-exploité. Par exemple, l'un des, sinon le meilleure chapitre du manga, c'est celui où le fils de la voisine ivrogne a sa fête de l'école. La relation avec ses ratés de parents, franchement j'en avais les larmes aux yeux.

Plus anecdotique mais expérience qui m'a beaucoup amusé : j'avais les trois derniers tomes qui trainaient au fond d'un placard depuis vingt ans, de l'édition Tonkam, reliquat d'une glorieuse carrière radiophonique. J'ai donc lu quasiment intégralement en double les trois tomes pour comparer les traductions, et c'est vraiment surprenant à quel point d'une part les traductions peuvent diverger (le choix du tutoiement ou du vouvoiement, qui joue beaucoup sur l'ambiance plus ou moins rétro, le vocabulaire, le ton de tel ou tel personnage, mais aussi parfois des contre-sens - sans que je puisse identifier à coup sûr la version correcte), et d'autre part comment l'œuvre en est changée. Donc malgré les couvertures sublimes de l'édition de 2001-2002 (surtout en contraste avec la très moche édition actuelle), préférence personnelle pour la nouvelle traduction, qui sans parler un mot de japonais me semble plus proche de l'édition originale, et en tout cas plus dans son époque - et comme l'époque est pour beaucoup dans mon appréciation de la série…