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Le décodeur
Mariole

Yazu - 05 Jul 2024

Tiens, c'est cadeau smiley130

«Quand je l'ai, les gens viennent me voir», disait Marine Tondelier à Libération il y a quelques jours, à propos… de sa veste verte. Sur Instagram, à une abonnée qui lui demandait combien de modèles elle possédait, la secrétaire nationale des Ecologistes a répondu deux, «mais depuis qu'il existe un compte Twitter dédié à mes vestes vertes, j'ai un peu la pression et je vais devoir songer à en avoir davantage…» Un projet logiquement relayé par ledit compte humoristico-militant intitulé «La veste verte de Marine Tondelier (blazer & jean)», créé en juin 2022 par un sympathisant écologiste qui se dit sans lien avec les équipes de l'intéressée. Il tourne à plein régime et cartonne ces jours-ci, avec présentement presque 9 000 abonnés au compteur.

Ce n'est pas que mignon, un peu de légèreté dans cette époque de plomb. Car l'habit est parlant, sémiologique, fait signe et sens, a fortiori l'habit politique. Et la veste-signature de Marine Tondelier a clairement un potentiel de totem, indissociable de celui ou celle qu'il symbolise. Elle a encore du chemin à faire avant de connaître le retentissement du col Mao, du béret du Che, du combo Fedora-écharpes de Mitterrand, des tailleurs-pantalons d'Angela Merkel ou des moufles de Bernie Sanders. Mais au plan hexagonal, elle est indéniablement la sensation de saison, synonyme de la percée Tondelier.
Un doudou vert pomme

Or, cette veste a tout de sympathique. De coupe classique et pratique, féminine autant que masculine, elle peut parler à tout le monde. Marine Tondelier l'associe souvent à une chemise blanche et à un jean, tout-terrain. On est loin du glamour luxueux, perché sur stilettos et clivant, qu'ont pu affectionner les divas Dati ou Kosciusko-Morizet. Son seul signe particulier est ce vert vif, pomme. Logique, pour la tête de pont d'un parti écologiste. Mais c'est tout bénéfice, vu sa cote dans l'époque actuelle : comme le rappelle l'historien et exégète des couleurs Michel Pastoureau, cette «couleur instable, rebelle» revient de loin : «Longtemps vu comme maléfique, le vert a été revalorisé par nos sociétés contemporaines, jusqu'à incarner la liberté. On lui a donné le feu vert, et même confié une mission de taille : sauver la planète ! C'est devenu une idéologie : l'écologie – après le rouge, symbole du communisme. Plusieurs étapes historiques ont inventé le vert comme couleur médicale, sanitaire, apaisante, couleur de la nature, de l'hygiène, du bio.»

Tout de même, pourquoi tant d'engouement ? Parce que le peuple de gauche a bien besoin de se raccrocher aux branches. Couplée à la ferveur anti-RN incisive de Marine Tondelier, sa veste verte a soudain tout du doudou, embarque dans ses poches un message subliminal de vitalité et d'oxygène, elle est une lueur dans la pénombre peuplée de costumes de banquiers et de résolutions de mettre la France au pas, le doigt sur la couture du pantalon. A l'inverse du cuir de kéké de Macron au Touquet, elle est fraîche et proche de nous, laisse espérer que tout espoir n'est pas flétri, malgré le terreau nauséabond. Reste à voir qui se prendra une veste, dimanche 7 juillet.