Même si tout a été dit sur la réalisatrice Justine Triet, passée de la lumière des studios de cinéma au côté obscur de l'idéologie crasse, difficile de ne pas revenir sur le discours polémique de la Palme d'or 2023. Talentueuse, à coup sûr. Gavée d'argent public, aussi, comme l'ensemble de l'industrie du 7e art. Le film de Justine Triet primé à Cannes a reçu 900 000 euros de France Télévisions, un demi-million du CNC (avance sur recettes) sans compter les crédits d'impôts, les aides régionales ou le compte soutien producteur. Elle a bien sûr le droit de détester l'idéologie néolibérale. Encore faut-il savoir de quoi on parle. Et ne pas se tromper en débitant des âneries devant un parterre international, sous prétexte de jouer Cosette sur la Croisette.
Avant de parler, elle aurait pu demander des conseils à sa voisine Jane Fonda, qui s'engagea jadis contre la guerre au Vietnam. Et ensuite, ne pas oublier son diplôme sur le pupitre, obligeant l'actrice américaine à lui jeter le parchemin. Sans doute pensait-elle plus à son coup politique qu'à son film, tant il est vrai qu'aujourd'hui, si à 50 ans un artiste n'a pas vomi sa haine du système (qui le nourrit) devant les projecteurs, c'est qu'il a raté sa vie. Sans doute songeait-elle à Jean-Luc Godard, qui réussit à interrompre le festival de Cannes en 1968. "Il y a une gêne par rapport à une situation explosive à toutes les strates de la société", a-t-elle expliqué. C'est vrai : il y avait une (grosse) gêne à observer l'anatomie d'une chute en direct. Dommage pour le cinéma français.
