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Homme déconstruit
b3y0nd

Oui j'ai vu ça qu'on (fin surtout la team marketing de la warner en fait) essayait de faire passer Joker pour le nouveau Orange mécanique lol.

Rappelez vous ils avaient déjà tenté le coup avec Suicide Squad où déjà un an avant le film c'était présenté partout comme un truc qui allait être totalement irrévérencieux, immoral et punk, termes répétés cent fois par l'équipe du film dans les interviews et compagnie pour que le public sache bien quoi penser sans trop réfléchir, mais bon le résultat final était tellement mauvais que ça n'a trompé personne. Rebelote, ils retentent donc l'expérience avec cette fois ci des qualificatifs un brin différents, on parle de film subversif et transgressif, radiographie sociale coup de poing de l'Amérique (en tout cas c'est ce qu'est marqué dans mon dossier de presse), on pose une couche de vernis supplémentaire et tout le monde part en roue libre. Enfin heureusement à part aux USA ça n'a pas l'air de mordre beaucoup à part deux trois effets de bord, le public européen n'est pas totalement lobotomisé. On parle d'un blockbuster calibré au poil de cul sortant du coeur du réacteur du système franchisé hollywoodien, et d'ailleurs ça se voit par l'absence totale d'ambiguïté du film, le tâcheron Todd Philips a bien évidemment choisi l'option "full retard" de la misère sociale (handicapé, loser, teubé, vierge, victime et sociopathe, il aurait peut être pu rajouter acnéique et accroc aux jv pour qu'on comprenne bien ?) car désormais la population US est tellement ravagée que seule l'extrêmisation des statuts et des discours (dans un cadre très conformiste et balisé tout de même, faut pas déconner) est susceptible de susciter un tantinet de réflexion (10 min avant de passer à la prochaine polémique créée de toutes pièces).

J'aurais pas pu mieux résumer :

Depuis son Lion d'or à Venise, pas un jour sans que le one stand consacré au meilleur vilain de Gotham ne charrie son lot de chiffres records, de déclarations choc, d'avis #choqué de Youtubeurs, d'anecdotes délirantes (outre-Atlantique, une salle s'est vidée dans la panique à cause d'un individu suspect : #choqué) ou de rumeurs à Oscar. Avant même sa sortie salle, le produit « Joker » faisait déjà date dans l'art du teasing. Dans un élan de générosité, sa promo fournissait clef en main les arguments de son appréciation : réalisme sans complaisance, anti-film de super-héros certifié sans OGM (comprendre : sans effets spéciaux), performance floquée « Méthode » de Joaquin Phoenix, casting de produits locaux (Robert de Niro), univers du Comics revu et corrigé par une folie ordinaire d'AOP « Martin Scorsese ». Après dix ans de super-héros sous stéroïdes et de destruction-porn dopé au digital, ressourcez-vous à de l'entertainment sans additifs. Devant ce programme qui fait mousser le pistolet à bulles de la révolte, révélez le spectateur antisystème qui sommeillait en vous. Après Batman et Iron Man, les vengeurs du Capital, découvrez Joker, le héros des indignés. Jackpot : démarrage record aux USA, critique charmée vantant la « revitalisation » du genre, validation par les chevaliers blancs de « l'intelligence collective » (lire l'avis de Juan Branco sur Tweeter : un régal). L'événement redonnerait presque un peu d'espoir aux cassandres de l'usine à rêve. Grâce à ses techniques de vente, pas de doute, Hollywood a encore de beau jour devant lui. Pour ce qui est du cinéma, en revanche, il y a de quoi s'inquiéter.

https://carbone.ink/chroniques/phillips-joker