Je comprends le raisonnement. Tu aimais un truc avant, ce n'est plus le cas, et puisque depuis tu as grandi, évolué, et ce dans un seul sens - positif, c'est sans équivoque - alors c'est que tu avais naguère des goûts de chiotte. Et que c'était de la merde. C'est simple, implacable, et ça permet de se donner un peu de hauteur lorsque l'on vient admonester la plèbe qui a eu l'outrecuidance de ne pas suivre le même cheminement (j'exagère, je voulais juste dire admonester et outrecuidance). Mais bon perso je vois pas forcément les choses comme ça. S'il est effectivement possible d'attribuer certains de ces craquages de veste revirements à un manque de culture, de maturité ou de sensibilité de la personne qu'on était jadis, parfois c'est simplement parce qu'on a changé. Pas grandi, mûri ou évolué, simplement changé. Il y a tellement de paramètres qui interviennent dans ce genre de processus (les circonstances de ta vie, le contexte, la mode, la pression sociale, tout ce que tu as pu voir et revoir avant, bref) qu'en attribuer l'origine à la simple bonification de l'âge et de l'expérience c'est me semble-t-il aller un peu vite en besogne.

Je dis ça parce que perso je suis pas vraiment sujet à ce genre précis de désillusion, on vit tous la chose différemment. La plupart du temps je me souviens de pourquoi j'aimais un truc quand j'étais gosse (ne serait-ce qu'à travers de vagues souvenirs de sensations) et ces raisons sont souvent liées, plus qu'on pourrait le penser, à des qualités bien concrètes. Qu'on a trop tendance à négliger au profit du discours "les gosses tfaçon ça aime n'importe quoi", alors que lorsqu'on a le choix, qu'on est pas uniquement confronté à une nuée de propositions toutes plus abrutissantes les unes que les autres (stratégie qui fonctionne aussi cela dit) on devient très tôt capables de faire preuve d'un certain esprit critique.