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Comte_Hubert

N-E-P-H-T-I-S - 25 Mar 2010

Je ne voudrais pas polluer le topic avec des élucubrations déplacées, donc ce sera mon dernier message sur le sujet. Je serais ravi de poursuivre la discussion autre part si tu le souhaites néanmoins.

Je fais référence à la légende dorée de Napoléon Ier, et je suis loin d'y adhérer. Comme je l'ai laissé entendre, je pense que le bilan historique est bien plus mitigé que ce que certains bonapartistes convaincus peuvent le laisser entendre. Même Tulard, qui est par ailleurs un grand historien, se laisse facilement aller dans ses ouvrages à des envolées lyriques souvent déplacées et à teneur presque hagiographique.

a écrit :

Et encore sous le règne de charlemagne, de Louis XIV et de Napoléon premier, la mentalité de la population devait être quand même bien "Impérialiste"

? Tu vois bien que c'est un raisonnement bancal, tu emploies toi-même des guillemets pour "impérialiste". C'est un anachronisme de surcroît.

a écrit :

Ce n'est pas seulement pour le coté artistique, c'est la France qui baigne dedans depuis la chute

La chute de quoi ? Si je suis tout à fait d'accord pour dire que le rapport de l'empire napoléonien à l'empire romain est explicite (reprise de toute une symbolique impériale, l'aigle au premier chef), cela me paraît plus ambigu pour Clemenceau, figure emblématique de la IIIème République, qui est républicain ultra, anti-colonialiste et anti-bonapartiste de surcroit (son père a été arrêté par Napoléon III et il cultive une haine farouche contre les deux Napoléon). Je vois mal comment une continuité dans l'action politique pourrait être dégagée quand on regarde l'histoire politique de la France depuis 1789, qui a vu la formation de régimes politiques aussi divers : 5 républiques, 2 empires autoritaires, un "Etat Français", plusieurs monarchies constitutionnelles...

Par exemple, mettre sur le même plan la formation des colonies et celle de l'Europe (dans le but de la constitution d'un Empire) est un raisonnement extrêmement fallacieux. Les contextes sont complètement différents, et les motivations des dirigeants sont entièrement différentes.

La politique coloniale est effectivement une politique de conquête territoriale à des fins de prestige national, mais elle est motivée autant par des intérêts économiques (concurrence des autres empires qui rend la course au clocher nécessaire pour maintenir une politique extérieure viable) que par des intérêts messianiques (tradition judéo-chrétienne, aider les indigènes...). Il y a certes formation d'un Empire, mais qui est tout de même de nature radicalement différente du mare nostrum romain (il suffit de voir le peu d'intérêt que les Romains avaient pour les provinces en dehors du maintien de leur pouvoir militaire).

La construction de l'Europe est à relier au contexte plus global de guerre froide et d'alignement vis-à-vis des deux blocs. La politique nucléaire de de Gaulle, pourtant bonapartiste convaincu, vise essentiellement à la reconnaissance par les deux blocs sur le plan international de la France comme pays indépendant vis-à-vis des Etats-Unis et de l'URSS. L'Europe confédéraliste est très vite perçue par de Gaulle comme le moyen de maintenir cette présence internationale française, mais ne constitue en aucun cas une volonté belliqueuse et encore moins de conquête.