Je suis une looser, tout ce que je fais je le fais mal. Même dans ces derniers instants, je n'ai aucune dignité, je n'ai pas le courage d'assumer, je fuis.
Je ne t'ai pas compris alors que toi tu ne me comprenais que trop bien. J'ai douté, un doute maladif, cherchant à te faire payer à tout prix les indélicatesses des autres. Je dis indélicatesses pour ne pas mettre des mots sur des actes insensés que je n'ose à peine nommer.
Avec eux je me sentais pute avec toi je me suis sentie reine. Quand ils me rabaissaient toi tu me valorisait. Même ce que je faisais mal, j'avais l'impression, à travers ton regard, de le faire extraordinairement bien.
Tu as toujours été là pour moi, peu importe mes humeurs, mes crises ou mon aveuglement. Quand je repensais aux autres en pleurant, c'est toi qui me séchais les larmes. Quand j'étais agitée dans mes insomnies, c'est toi qui me rassurait en m'enlaçant tendrement.
Pardonne-moi les souffrances que je t'ai infligées, pardonne-moi ces hommes après lesquels je t'ai fait passer, alors que tu pénétrais mon vagin encore humide de l'excitation des autres. Tu ne me comblais pas, du moins le croyais-je. Tu ne me faisais pas l'amour toute la nuit, mais tu mettais tellement de passion dans tes gestes, tes caresses, ta douceur que si j'avais su, je n'aurais jamais échangé ces quelques minutes d'apesanteur contre les heures de bestialité bourrine qui me brûlaient l'entrejambes malgré mes rales de plaisir.
C'est toi qui a donné un sens à ma personne, moi qui me voyais systématiquement moins que les autres. Moins belle, moins intelligente, moins désirable, moins intéréssante. A tes côtés j'existais. J'existais tellement que je ne le remarquais pas, trop occupée que j'étais à t'effacer. De toi je ne voulais que ce qui étais rassurant. Je prenais sans rendre. Tu étais ma vengeance envers les hommes, celui qui allait payer sans se plaindre. Trop facile.
Je sais pertinnement que tu ne m'en voudras pas. Tu es trop passionné pour m'en vouloir, c'est bien ça le pire. Tu m'as mise sur un piédestal et même si j'ai tout fait pour en chuter, tu ne te feras pas à cette vision. Parce que toi tu es capable d'aimer au premier regard. Tu crois que c'est un défaut de s'attacher si facilement, trop facilement. Tu as raison. Non, qu'est-ce que je dis? Comment laisser partir quelqu'un pour qui je deviens tout instantanément?
J'ai laissé passer une chance qui ne se représentera sans-doute jamais. Ais-je été trop fière? Non, trop conne. Trop futile. J'aimerais une dernière fois te sentir, avant de doucement plonger à jamais dans cet océan inconnu.