Clubpopo dans les cordes.
Le problème surgit dès la phrase suivante : « Mais – à mon grand regret – le monde de Super Mario Bros. ne dit pas grand chose du monde qui nous entoure ». A première vue, cela va de soi : dans notre monde, il est rare que les champignons redonnent des vies, et le sens de l'existence ne se limite pas à aller de gauche à droite en évitant des chausse-trappes. Pourtant, si l'on définit le monde comme l'ensemble des règles ludiques – ce que semble faire le papier —, je dirais que celui de SMB dit pas mal de choses du réel. On sait bien que la fiction, aussi fantaisiste soit-elle en apparence, est toujours porteuse d'une vision du monde. On ne peut pas penser Mario comme un objet déconnecté du réel, le jeu de Shigeru Miyamoto, comme tous les jeux, est habité par l'habitus de son créateur : il nous dit quelque chose de son rapport à l'accumulation, à la persévérance, à l'excellence, pour dire ce qu'il y a de plus évident. Plus, comme Super Mario Bros. est un grand jeu, il ne se contente pas de refléter platement le réel, il le façonne et nous le donne à percevoir d'une manière unique. S'il fallait définir ce qu'est le mouvement, l'inertie, le rythme, on pourrait utiliser le classique de Nintendo, qui évoque donc bien le « monde qui nous entoure » et nous englobe.
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