➔ RuLL_34 - 04 Dec 2015

Dans l'attente de reprendre mes études je bosse dans un service civique venant en aide aux jeunes décrocheurs scolaires, en gros c'est des groupes d'une quinzaine d'élèves de 16 ans qui sont déscolarisés, absentéistes et ne suivent plus de filières pro, etc....

Je vais pas détailler mon boulot mais je suis confronté à énormément de gens de l'administration scolaire, qui font vraiment penser que le discours niais de GTO était pas si éloigné de la vérité : conseils de classes qui cherchent absolument a viré le plus possible de gamins absents ou avec des problèmes familiaux pour augmenter le taux de réussite au lieu de chercher à comprendre les raisons qui sont souvent du a un environnement malsain, profs qui s'en foutent des élèves et considèrent qu'ils sont là juste pour faire de la garderie, d'autres s'investissent réellement en dépassant leur quota d'heure de contractuelle d'une dizaine d'heure chaque semaine sans pour autant être payé en plus afin de recevoir pleins de gamins en individuel...

et il y a évidemment les gamins. Contrairement aux a priori qu'on peut avoir, ils sont très loin d'être lourdingues, après apparemment je suis bien tombé mais bon, contrairement aux histoires qu'on entend chez les filières générales, ça peut aller. Par contre les raisons du décrochage sont évidentes : il y a très souvent des assistants sociaux et educateurs accompagnant les parents et l'élève durant les réunions. J'ai affaire à pleins de cas : des parents qui s'en foutent de leur gamin et demande à ce qu'on les vire afin qu'ils ait une raison de se faire retirer la garde pour s'en débarrasser, d'autres qui ont des pathologies psychiatriques lourdes en plus d'être alcoolisé pendant les rdv mais viennent de récupéré la garde de l'enfant, d'autres élèves encore qui sont menacés de mort par leur propre parent et fuguent mais viennent en cours, un gamin qui a constamment un couteau sur lui car son pere est SDF notoire et a attiré énormément d'ennuis à son gamin, bref beaucoup d'histoires joyeuses. Mais étonnamment, c'est dans tout ce miasme cradingue de la bêtise humaine et de ses conséquences sur les enfants que je retrouve foi en l'humanité : des jeunes qui se défoncent pour y arriver et trouver un projet pro, d'autres qui viennent te remercier de ce que tu as fait pour eux rien qu'en les écoutant et en les aidant et qui veulent changer de vie, un autre qui, abandonné par ses parents et recueilli par de la famille, apprend par ta bouche une nouvelle qui va l'emmener à travailler de manière garantie dans son domaine rêvé, et promet qu'il ne gachera pas ça, malgré sa grande immaturité, puis remercie sa cousine de l'avoir hébérgé malgré pleins de soucis financiers, en voulant montrer à ses parents qu'ils peuvent regretter d'avoir fait ça, feat larmes de joies dans notre bureau ou on assiste à la scène familiale happy ending.

On est parfois attérés d'entendre certaines histoires et on rentre chez soi tout penaud surtout quand on a l'impression d'être qu'une seule goutte dans l'océan de problème et qu'on pourra jamais tout résoudre, mais essayer au moins d'éponger un peu la merde laissé par d'autres et ayant éclaboussé d'autres, ça donne parfois un sentiment de satisfaction qu'on ne trouve nul part ailleurs.

Donc pour le bot rull34 : oui la vie c'est profondément débile et injuste, mais ce n'est pas en se laissant abattre qu'on résoudra ça, faut parfois se foutre un coup de pied au cul et aller au dela, si tu peux pas changer le systeme, fait ton batman, va vire ailleurs ou reste dans une tour d'ivoire, whatever, mais voila