L'IA de l'antimatière
Jojo
Ed3m a écrit :

Une autre raison, c'est la montée du "Online", plus de multijoueurs en splitté, jeux pas terminés, early acces, micro-transactions etc...

La question que je me pose perso c'est s'agit-il d'une cause ou d'une conséquence ? J'pense vraiment qu'internet a profondément changé notre rapport à la culture (j'ai un peu l'impression d'enfoncer une porte ouverte là), et que c'est pas un hasard si le début du déclin dont on est beaucoup à reconnaître les effets ici coïncide plus ou moins à son invasion massive de notre vie quotidienne. Mine de rien ça représente l'émergence simultanée et assez brutale de tout un tas d'habitudes et de réflexes que je trouve nocifs (à terme, parce que dans un premier temps ça a sûrement eu un effet positif au contraire) pour la prise de risque ou la touche réellement personnelle, celle qui peut déranger ou mettre mal à l'aise, dans le processus créatif. Cet avis n'engage bien sûr que moi, et il est probablement un peu biaisé, mais c'est notamment la "scientisation" systématique de notre rapport aux loisirs qui m'exaspère le plus : on compare tout et n'importe et quoi, on labellise, on rationalise BEAUCOUP TROP nos goûts, en allant jusqu'à nier la part d'affectif ou de subjectif inhérente à la perception que chacun aura d'une oeuvre, et puis on classe, on se façonne une identité (et une personnalité) à travers nos films / livres / jeux préférés qu'on tentera bien sûr d'affirmer à travers moult débats passionnés, puis on essaiera d'instaurer une sorte de charte universelle du bon goût à laquelle chacun devra souscrire pour gagner sa street cred. Et surtout, dès qu'un créateur aura le malheur d'insuffler à son ouvrage un truc qui pourrait ne serait-ce que laisser supposer qu'il est pas totalement normal dans sa tête (et personne ne l'est, pas totalement) on fera des memes sur le sujet, on rigolera et on postera une image ou une vidéo yt accompagnées d'une pancarte mdr smiley122

Tout cela s'accompagne aussi d'une exigence déplacée qui cherche dans chaque nouvelle licence un facteur wow ou innovation (qui devra être décelable dans le tout premier teaser trailer cela va de soi) sous peine d'être immédiatement brocardée comme une redite sans intérêt d'un jeu déjà fait. Résultat les mecs se mettent à courir après le moindre gimmick inutile pour justifier l'existence de leurs projets, font tout pour intégrer à leurs jeux les requêtes les plus populaires des joueurs/backers et se plient aux standards en vogue pour fermer les portes aux éventuelles critiques avant même qu'elles n'arrivent. Et après, logiquement, on se plaint de l'aseptisation rampante de la production... je veux bien mais bon. Je suis quasi sûr que si demain tu me demandes de te créer un jeu ou n'importe quoi je risque d'être tellement obsédé par la peur de tomber dans le cliché, la redite, l'approximatif, la niaiserie ou l'état d'âme osef que soit je fais absolument rien, soit je te ponds un truc convenu parce que voilà, à quoi bon ? Internet quoi. Mon but n'est évidemment pas de tomber dans le discours"tous les goûts se valent" ridicule, mais là je trouve qu'on est parti un peu trop loin et trop vite dans l'excès inverse... Typiquement, voir The Last of Us porté aux nues partout (pas forcément ici, hein) alors qu'à aucun moment le jeu n'est autre chose que scolaire c'est pour moi assez représentatif de ce qu'il se passe : les jeux ne sont plus récompensés parce qu'ils sont marquants, mais parce qu'ils n'ont pas beaucoup de défauts.

Et je veux pas minimiser l'impact de l'économie moribonde et des enjeux financiers énormes non plus, je pense juste que ça fait pas tout.

Ah, je finirai par une petite mention de la disparition surprenante ( ͡° ͜ʖ ͡°) de certains posts