• » Jeux Vidéo
  • » RPG de l'Ouest ["Ça serait mieux si ça venait du japon"]
J'aime bien Proust mais c'est dommage qu'il y ait pas plus d'images.
Bioware

J'ai enfin fini Pillars of Eternity, 30h à la sortie + 30h récemment avec le DLC. Je mets une balise spoiler au cas où :

C'est un peu cruel parce que le jeu est bon mais je vais commencer par un défaut : l'écriture n'est pas vraiment à la hauteur. Il manque ce petit quelque chose. C'est le plus flagrant avec les compagnons. Déjà ils sont très peu nombreux (même pas un par classe), et leurs histoires ont une tendance à tomber à l'eau assez gênante. Par exemple Eder, sa quête te mène à travers toute la carte du monde, tu trouves l'objet que tu cherches, conclusion : "Désolé Eder t'auras jamais le fin mot de l'histoire". Bon, ok, le chemin est plus important que la destination, j'aime bien ce principe mais là c'est simplement dénué de conséquences, à part dans le générique/résumé de fin. Le perso évacue la plus grande obsession de son existence comme si rien ne s'était passé. Pareil pour Sagani, Durance... Je me suis investi avec lui pour découvrir la vérité, ça m'intéressait, le mec finit par gueuler un coup de frustration et repart comme en 40. Je trouve que ça résume assez bien le jeu qui manque cruellement de moments mémorables, et ne laisse pas beaucoup de souvenirs. Je compare évidemment à Baldur's Gate, depuis lequel j'ai gravé en mémoire mon aventure (dans tous les sens du terme) avec Aerie, qui m'adule, tu couches avec, elle découvre littéralement la vie, après sa mort tu donnes tout pour la ressusciter, après quoi elle te déifie carrément, on est pas dans le même registre d'intensité, c'est un euphémisme. Sans oublier Minsc et Edwin qui s'entretuent sous tes yeux après s'être cherchés pendant des jours, même une réplique à la con du genre "Je le ferais... pour un navet" m'a plus marqué que n'importe quelle réplique de Pillars. Le jeu a son lot de dialogues dont les réponses sont difficiles à choisir tant la situation est ambigue, ce qui est un bon point, mais au final les enjeux restent très classiques, beaucoup de questions d'héritage, de moralité notamment concernant la science, on est obligés de se sentir concerné par ces choses-là j'ai envie de dire. On visite des châteaux, des cimetières, des ruines, rien que le labo d'Irenicus en ouverture de BG 2 refait le fion de tous ces clichés avec son mystère, sa complexité, sa variété. Bref, Pillars of Eternity n'a pas de grain de folie.
Il y a aussi un certain nombre de défauts plus basiques, pas mal de bugs notamment. Rien qui m'ait handicapé en jeu donc ça peut aller on va dire, à part pendant le DLC où j'ai failli rester coincé... Quand une arme disparaît de ton inventaire t'es content aussi, même si tu peux continuer sans.
L'équilibre est pas parfait non plus, les compétences qui s'utilisent "par combat" sont par défaut beaucoup trop fortes je trouve. Tu les favorises forcément puisque le jeu t'empêche de te reposer souvent avec les feux de camp limités, à ce jeu-là le Cipher me paraît complètement pété avec ses sorts de contrôle de zone qui font le café dans 95% des combats du jeu. Ceci dit les classes restent complémentaires, c'est utile de jeter des sorts ou de taper comme un bourrin, y a pas non plus une disparité choquante.

En revanche, là où il faut tirer un coup de chapeau aux développeurs, c'est sur la modernisation du titre. C'est simple, réglage de la vitesse de jeu, loot de zone, inventaire infini, j'ai trouvé tous les ajouts de gameplay utiles et très bien intégrés. On sent que les mecs ont potassé leur BG et retenu les leçons.
C'est très beau je trouve, les effets d'eau, de feu, c'est détaillé et puis la progression est vraiment bonne, très fluide, pas de passages à vide. On retrouve ce sentiment de surplace des grands jeux d'aventure, quand tu joues des heures et que t'as pas l'impression d'avancer dans tes quêtes (j'ai cru que je sortirais jamais de la capitale).
Si je devais trouver un mot, ce serait : efficace. On s'y laisse prendre, on est pas indifférent, on reconnaît le boulot derrière. En gros, un vrai bon jeu qui a su digérer son ancêtre sans pour autant rivaliser.