Treziak

Ah, l'éternel débat. Vous m'excuserez de répondre essentiellement sur un message en particulier.

kenshiro a écrit :

La nouvelle politique de nintendo risque de couler le JV, heuresement que sony et crosoft sont encore la


Je dois avouer que cette phrase me choque. Car selon moi, ça fait un petit moment que le Jeu Vidéo est mort et enterré. Quand, je n'en sais rien, il est bien difficile de préciser la date du crime (paradoxe sorite). Il n'en demeure pas moins qu'il y a un petit bout de temps (2 ans ? 3 ?), j'ai jeté un oeil à ma PS2, et je me suis demandé : "à quoi je pourrais jouer d'intéressant ?"

Par intéressant, j'entendais quelque chose de neuf, qui me change :
- du jeu de foot annuel ne se justifiant généralement que par la mise à jour des transferts (PES ou FIFA, même combat, le dernier qui m'aura vraiment marqué est ISS Pro Evolution 2, 'tain, ça remonte),
- de la course (genre pas un énième Gran Turismo ou Mario Kart ou TOCA),
- d'un RPG japanisant (certes FFVII a été une claque, mais il ne détrône pas Fallout 2 et Diablo 2 de mon panthéon),
- ou du jeu d'action-aventure qui, malgré le relatif fourre-tout dont il est l'objet, ne diffère que trop peu, que ce soit dans l'univers ou les personnages (Sir Dan Fortesque dans MediEvil, vous vous rappellez ? ça change du Prince de Perse faussement ténébreux ou d'une Lara Croft siliconée).

Je ne parlerais pas de FPS, parce qu'un Medal of Honor ultra-scripté, ça tient plus du jeu d'action-aventure à la première personne que d'un noble First Person Shooter, ni de beat'em all, Devil May Cry étant à mon sens très loin de l'esprit d'un Streets of Rage d'antan.


Bien sûr, ça fait vieux con d'avoir de telles opinions. D'autant plus que je ne suis pas vieux (qui plus est issu de la génération PlayStation, ça fait vraiment beaucoup de défauts). Alors je devrais certainement être en émoi devant un Bioshock, un Mass Effect ou encore un Assassin's Creed. Pourtant, quand je regarde des photos/vidéos de ces jeux, j'ai la sale impression de voir toujours les mêmes marionnettes, au charisme d'huître, se mouvant dans des univers ou futuristes (genre "t'as vu, je maîtrise grave les clichés SF") ou médiévaux (style "toi aussi, Tolkien, c'est ton Dieu ?"). Et quand je lis les pitch des scenarii, c'est le même sentiment de déjà-vu. Un peu comme s'il n'y avait qu'un nombre limité d'éléments dans le déroulement d'une histoire, comme si tous les scenarii était torché par un écrivain qui n'écrit que parce que ça lui fait gagner du pognon, très loin de s'imaginer qu'écrire puisse être un art.

Et quand je parle de clichés, je suis encore bien gentil, j'évite de faire du mauvais esprit. Si je devais être cru, je parlerais simplement de clones, auxquels on modifie un personnage, on change un événement et paf, nouveau jeu, nouvelles ventes, viens camarade gamer nous donner ton fric. Il n'y a pas de ré-invention, de modification, de vision personnelle. On a des orques comme on en a vu des milliers auparavant, des robots comme on en a vu auparavant, des personnages féminins comme on en a vu auparavant. Un peu comme si un grand gourou avait fixé une norme et avait déclaré :
"Tel personnage se construit avec ce modèle physique, il aura ce caractère, il aura ce background. Kratos, gros muscle, bourrin, prisonnier du destin.
- Et même si je..?
- On pourra jamais vendre ce jeu à nos pigeons, crétin. T'es trop con pour qu'on t'écoute. Ta gueule.*
"

Le pigeon, il est aussi bien hardcore que casual. C'est finalement ça le plus amusant (ou triste, tout dépend si l'on est blasé).
Sony et Microsoft tâtent bravement le porte-monnaie du core-gamers, qu'il suffira de convaincre avec des graphismes de malade, une série de personnages classiques dans laquelle le boutonneux comme le jeune adulte trouvera son compte, un scenario vaguement compliqué mais pas trop et yoplà, on a un Bioshock ou un Crysis. Alors forcément, affiner toujours plus les modèles, c'est un peu fatiguant ("(i]ah merde, tu penses que si je lui ajoute un grain de beauté sur les fesses, ça flattera la rétine du pig... euh, core gamers ? - bien sûr, et puis ça nous fera une excuse pour lui caler une scène à poil[/i]"), ça revient donc vachement cher, mais bon, 80€, ça fera croire au joueur que c'est de la qualité, et puis, s'il se rend compte qu'il y a des trucs qui clochent, il sera trop fier pour s'avouer qu'il s'est fait entuber en beauté.
Nintendo préfère une approche casual : moins de ventes certes, mais moins de coûts de développement. Même pas besoin d'être original, la seule galère, c'est pour adapter les contrôles. Bien sûr, on se limite à ça (faut pas déconner non plus), de toute façon, le public casual n'en demande pas plus, et vu le prix, il ne fera pas trop la gueule, même s'il est un peu déçu. Mais il ne le sera pas, puisqu'il est casual. Pépé et Mémé ignorent ce qu'est un jeu vidéo après tout.
Y'a-t-il vraiment un constructeur moins cynique que l'autre ?


Le problème au final, ce n'est pas que tel jeu puisse être destiné au core ou au casual-gamer. Le problème, c'est que le marché global (sans se soucier des deux catégories) pullulent de consommateurs, qui claqueront aussi bien 8€ pour voir Astérix aux JO que No Country For Old Men, ou encore 20€ aussi bien dans la prochaine compil' de la Star Ac' que dans le dernier album de Sébastien Tellier.
Voilà ce que nous sommes devenus avec notre mode de vie occidentale : des consommateurs. On a nos petites vies, notre petit confort, notre bon petit taf qui nous permet de récolter des billets que l'on veut pouvoir dépenser, satisfaisant ainsi notre pouvoir d'achat. Nous avons tous un quota par mois de merdouille à voir, à jouer, à écouter pour être in, pouvoir se la raconter en société, ou plus simplement passer le temps en attendant le prochain jour du terme.

Cracher sur Nintendo en ce qui concerne les jeux vidéos, c'est comme cracher sur les mecs de droite en politique : c'est se donner bonne conscience, se dire que les salauds, ce sont eux, à valoriser leurs pires défauts, en oubliant qu'en face, on applique des méthodes similaires, mais que l'on s'en cache, parce qu'on se dit que la société n'est pas encore prête à se faire totalement asservir, du moins pas aussi consciemment.

Le plus triste finalement, c'est de faire ce constat : nous sommes esclaves d'habitudes risibles, et la plupart d'entre nous n'a plus l'ambition de mordre la main qui nous donne toute cette confiture. Le jeu vidéo, au même titre que le cinéma ou la musique, n'est plus qu'une gigantesque industrie qui doit faire du bénéfice, et nous nous en contentons.
Lire les tests de "professionnels" devient de plus en plus désagréable, tant on a l'impression qu'il suffit d'un minimum syndical pour applaudir des deux pieds et des deux mains.


Mais mettre Nintendo à l'origine de tout ça, ça permet juste d'avoir un coupable idéal à lyncher. Peut-être pour mieux se voiler la face et ignorer la part de responsabilités que nous avons tous, par notre manque de curiosité intellectuelle qui devient de plus en plus criant au fur et à mesure des années.



* référence hautement culturelle