➔ Jojo - 20 Aug 2017

Hellblade est un pari réussi. Je l'ai pris bien évidemment car le jeu m'intéressait mais aussi pour soutenir le business model de Ninja Theory sur ce jeu et on ne peut que concéder que le résultat final est impressionnant.

Étonnamment j'étais passé à côté du fait que le jeu est une relecture du mythe d'Orphée dans la mythologie nordique, mais ça marche du feu de dieu. Clairement l'atout numéro un du titre est son ambiance qui est une des plus lourdes et des plus fortes dont j'ai fait l'expérience dans un jv. Toute l'aventure est une longue descente aux enfers et dans la folie soulignée par plusieurs idées assez originales voire franchement uniques, au premier rang desquelles bien évidemment ces voix qui nous accompagnent tout au long du périple. Tour à tour encourageantes, joyeuses, moqueuses, dépressives, violentes, elles recouvrent toutes la gamme des émotions, et c'est très étonnant de ressentir qu'elles peuvent parfois te rassurer mais aussi franchement t'oppresser selon les différentes étapes du voyage, qui s'enfonce parfois bel et bien dans l'horreur absolue (un passage notamment où l'on ne peut s'orienter qu'avec le son et où des bruits monstrueux surgissent du néant, court mais vraiment effrayant). Le casque est bien évidemment obligatoire.

La progression est fluide et linéaire, mais suffisamment rythmée pour éviter l'ennui à mon sens. Les énigmes visuelles basées principalement sur la perspective sont effectivement un peu répétitives mais se renouvellent quand même pas mal, avec plusieurs idées bien trouvées. Il y a de plus certains moments où les devs jouent sur les erreurs de perception et le décalage et où tu te retrouves par exemple à tourner en rond dans des couloirs où à ne plus comprendre comment le décor fonctionne, celui ci se modifiant imperceptiblement mais de façon suffisamment sensible pour qu'un sentiment d'étrangeté et de doute apparaissent. Les affrontements sont effectivement assez basiques mais permettent si on le veut de faire de belles chorégraphies avec un coté très viscéral.

Et enfin, comme cela a été dit le jeu est d'une beauté insolente. Je ne sais pas si c'est le moteur ou les devs mais certains panoramas sont magnifiques, où la lumière, le décor, la scénographie, tout concourt à susciter l'admiration. L'aventure est tragique mais sait présenter des parenthèses enchantées, et les décors, bien que certains soient réutilisés, sont plus variés que je ne le pensais. Je trouve d'ailleurs les FX particulièrement impressionnants et super variés, ce qui enrichit visuellement encore plus le jeu. La réal bute donc, et la caméra façon RE4 marche vraiment bien, avec la même idée de jeu en plan séquence (qui est en fait souvent cassé par de malins artifices) qu'on va retrouver dans le prochain God of War. Je suis d'ailleurs totalement fan du plan d'intro ou la caméra se rapproche lentement de Senua après avoir traversé langoureusement une brume poisseuse et morbide.

Bref j'aime beaucoup (je ne l'ai pas terminé) et je le recommande à ceux qui sont attirés. Comme je l'ai lu autre part ce n'est pas un jeu pour tout le monde, mais pour ceux à qui il s'adresse, c'est un kiff monstrueux. Au final, je le trouve même assez radical sur certains aspects, et clairement on ressent le fait que les mecs n'aient pas eu d'éditeurs sur le dos. Bien qu'en définitive on voit tout de même que ça vient d'une petite équipe, le jeu fourmille de micro idées visuelles, narratives, sonores, et même de game design et est soutenu par une ambiance monstrueuse, ce qui le rend vraiment unique.

Une grande réussite, et une promesse pour l'avenir. A 30 balles je dis go.

Deux trois screens (pourris) que j'ai fait. Ca spoile un peu :