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KamiOngaku

Le Lys dans la vallée

Assez étonnante lecture. Un petit intello malingre du début du XIXe, délaissé par ses parents, puceau jusqu'à 25 ans, qui tombe fou amoureux au premier regard d'une espèce de casse-burnes, étouffée dans sa fidélité chrétienne à un mari vieux et tyrannique. Aidé par la bêtise du Comte, il se fait malgré tout accepter dans la famille, pour y passer le plus clair de son temps à s'occuper des gosses, friendzoné dans les grandes largeurs.

Balzac a, il faut être clair, une écriture d'une lourdeur pénible (ses dialogues, mon dieu). A la fin des 6 pages de description de la Comtesse (le Lys en question), à force d'images, je n'arrivais même pas à être certain qu'elle était vraiment belle. A côté de ça, il te décrit la Touraine de telle sorte que tu as envie d'y déménager dans l'heure. Mais l'ensemble reste indigeste et assez chiant jusqu'aux…

Trente dernières pages, avec la mort de la Comtesse. Quand elle exprime tous ses remords à avoir, pour les convenances et la crainte de Dieu, repoussé Felix, mourant à 35 ans en étant passée à côté de l'aventure, des joies du sexe, d'une vie libérée des pesanteurs de la religion. La vision du bouquin dans son ensemble est totalement modifiée. C'est assez magistral.

Pour la petite histoire, j'avais eu envie de lire le bouquin en entendant à la radio ce passage :

Si pour loyer de ma confession, je trouvais ton amour amoindri, je ne survivrais pas plus à la perte de mon dernier bonheur que les jeunes gens ne survivent à la ruine de leurs premières espérances. Mais fou que je suis ! L'amour est-il soucieux d'un crime? Je voudrais que ma confidence redoublât tes tendresses. Pourquoi suis-je aujourd'hui à la merci d'un peut-être ? Les gens de trente ans sont lâches, ils ne font pas de conditions, ils en reçoivent. Ah ! L'on ne connaît l'amour qu'en traversant les profondeurs du dernier amour ; nos vraies passions naissent à quarante ans, âge auquel nous savons mesurer l'étendue de nos pertes, tandis que, jeunes, nous ignorons les bénéfices de la vie. Pardonne-moi, chère, ces paroles, derniers grondements d'un orage qui se tait. A ce soir.

« Les gens de trente ans sont lâches, ils ne font pas de conditions, ils en reçoivent »
C'est quand même assez prodigieux, d'une compréhension de la vie totale. Bah visiblement il existe plusieurs versions du livre, car dans la mienne, ce passage-là est coupé smiley4