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Chronique : Raiders Of The Perfect Game

Réflexions hautement philosophiques - Par Tchiko - 20 Janvier 2008 18:03:16

Pendant mon temps libre, j’enfile parfois ma tenue d’archéologue explorateur pour partir à la recherche du Perfect Game, le Saint Graal du Jeu Vidéo.
Aux yeux du profane, le Perfect Game s’apparenterait à ces Best Game Ever que l’amateur exhibe lors de soirées mondaines remplies de coke et de bits.
Seul le spécialiste saurait de son expertise reconnaître l’unique Perfect Game et le protéger de la folie des Hommes.




Afin de commencer à orienter mes recherches, je décidai d’éliminer toutes les œuvres sorties à partir de la génération 128bits. La 3D qui essaye de masquer sa polygonalité c’est d’un vulgaire.
Le Perfect Game se devait de pouvoir se rejouer et s’apprécier en à peine une heure ou deux. Je laissai ainsi de côté toutes les longues aventures et RPG de petits branleurs.
Afin de placer l’humanité seule face à sa misérable condition, le Perfect Game ne nécessitait pas la présence d’un assistant. Vu l’IA des versus fighting games, IK+, Street Fighter 2 et Art Of Fighting 2 furent fouettés de ma liste.
Malgré mon affection pour toutes sortes de courses-poursuites, cela reste un genre qui demande une envie de circonstance, occasionnelle. Hors le Perfect Game devait pouvoir être désirable à tout moment. Exit Stunt Car Racer, Crazy Cars 3, Wave Race, F-Zero X et Motorstorm. Rien ne vaut un univers à sauver ou une situation de survie extrême pour développer l’envie.
Enfin, le Perfect Game devait posséder un bon background, une identité forte. Je rayai 91% des œuvres japonaises. Mais il devait aussi proposer un gameplay cohérent et efficace, ce qui vaporisa 72% des productions occidentales.
Le concept ainsi dégrossi, je pouvais m’aventurer sur les continents de l’entertainment avec assez d’indices pour espérer mettre la main sur le Perfect Game.

L’arche de l’Arcade perdu




Tous ceux ayant baroudé sur les vieilles terres sauvages des salles de jeu savent que la chasse à l’Arcade les expose à certains dangers : parfois d’horribles musiques négligées pour cause de conditions de jeu inappropriées à l’écoute, d’autres fois une difficulté exponentielle conçue pour l’assèchement du portefeuille. Ces terres représentent cependant un vaste choix de pièces pionnières inégalées dans certains genres.
Seul véritable prétendant au titre de Perfect Game dans cette jungle, R-Type me plongeait dans son ambiance monstrueuse au travers d’épreuves variées et torturées. L’action péchue et un brin technique ne laissa aucun répit à mon plaisir. Jusqu’à ce que les derniers niveaux deviennent trop exigeants en investigation et préparatifs pour continuer de progresser. Cela ne correspondait plus à ma philosophie : l’aventure, c’est l’aventure.
Ma dignité d’Homme libre préservée, je repartis pour la bibliothèque de Venise afin d’étayer mes recherches.

Les jeux micro maudits




Aujourd’hui disparue, la lignée de l’action micro proposait de façon très personnelle un brin d’exploration et un rythme agréable découlant d’une savante alchimie. Moins extravagante que ses deux congénères, l’expérience micro était souvent synonyme de sobriété et de bon goût, distillant au joueur une sévère dose de rêverie et de plénitude.
Ma plus grande aventure au travers de ce peuple fut Turrican 1 et 2. Ce fut aussi la plus complexe à évaluer. De par son level-design généreux, son action non-stop et son gameplay réglé comme un piège Maya, Turrican attirait tous les grands aventuriers de l’époque 8/16 bits ... pour les plonger dans les ténèbres d’un choix cornélien : C64 ou Amiga 500 ? La version originale eut été parfaite si elle avait proposé des musiques pendant les phases pédestres. Quant à la version Amiga, les pygmées de Factor 5 qui avaient réalisé un travail d’adaptation classieux, s’étaient permis quelques libertés désobligeantes faisant parfois regretter l’original. Si près de la perfection, ce petit sentiment d’insatisfaction ternit la relique de Manfred Trenz.
Autre pièce de choix, Leander, qui fit l’objet d’une réplique Megadrive de moindre charme. Sous une dynastie Psygnosis crépusculaire où l’art était au centre de nombreuses oeuvres, Travellers Tales accoucha d’une pièce maîtresse de l’action plate-forme micro. Elle invitait le voyageur d’une douce main tendue à traverser ses paysages variés et cohérents avec autant de grâce qu’un roman de Tolkien.
Lors de mon retour à l’université, je n’eus pas le cœur de mentionner les quelques faiblesses de l’édifice. Peu importe, ce n’était pas le Perfect Game.

La croisade des consoles




Fière civilisation conquérante et guerrière, les consoles représentent un vaste terrain d’exploration très accessible. Aujourd’hui à la tête d’un empire de déchéance ludique, elles abritent en leurs fondations quelques objets de grande valeur.
Apocalypse, hordes de machines tribales, holocauste, le cauchemar que proposait de vivre Rendering Ranger R2 raisonnait en moi comme un Commandement. Seule cartouche SFC ayant réellement la carrure pour l’action, R2 enchaînait des rythmes variés de tueries à la beauté hypnotique où la lente et inexorable destruction des ennemis atteignait des sommets de violence addictive. Avec de meilleures musiques (Markus Siebold eut été parfait), je tenais là le Perfect Game.
Finalement, c’est en Megadrive, occupée par une très lointaine cousine de la lignée micro, que je mis la main sur un diptyque sacré.
A l’affleurement, apparaissait un modèle unique de shmup horizontal dont les musiques et le rythme déchirèrent le ciel de la cité. Thunder Force 3, l’épopée d’une nature métallique riche et racée. Sur la longueur, les univers traversés manquèrent finalement un peu de charisme. Mais ce n’était que la partie émergée de la pyramide.
Les fouilles révélèrent en sa base son ancêtre Xxxxxxxxx Xxxxxx, entité verticale autant tournée vers le futur que le passé. Déjà orchestré par l’énigmatique couple Toshiharu Yamanishi / Tomomi Otani, ce joyau parfaitement maîtrisé de son commencement à sa finalité marche à jamais sur les terrains élémentaires de la canonisation bitsique.
Peut-être l’ai-je enfin trouvé.
Il me reste encore bien des ruines à découvrir ou redécouvrir pour être fixé.

Et vous, avez vous trouvé votre Perfect Game ?



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